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Un immense moment de théâtre
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Entretien avec Nicola Alaimo
Michonnet est un des rôles – sinon le rôle – favoris de Nicola Alaimo, grand interprète verdien et rossinien. Heureux et impatient de le présenter au public du Capitole en juin, plusieurs années après Germont dans La Traviata (2018) et un récital mémorable, il se confie dans sa langue, l’italien, sur sa relation avec ce personnage à part.
Michonnet est un rôle qui vous plait énormément, pourquoi ?
C’est un personnage que j’ai aimé dès la première fois que je l’ai interprété. Il est particulièrement humain, umanissimo, très bon. Il se mettrait en quatre pour ses amis et surtout pour Adrienne. Secrètement, c’est l’amour de sa vie. Mais c’est un amour à sens unique, non réciproque. Il en souffre tout en continuant de protéger sa bien-aimée. Au-delà de son amour, il la voit comme une immense artiste.
Vous souvenez-vous de vos débuts ?
J’ai interprété mon premier Michonnet en 2018 à Palerme, dans cette même production d’Ivan Stefanutti d’ailleurs ! J’arrivais en répétitions très préparé, mais le travail réalisé avec le Maestro Daniel Oren m’a fait un bien fou. J’ai compris énormément de choses, au niveau dramaturgique comme sur le plan musical. Ce furent de beaux débuts pour ce rôle, qui plus est à Palerme, ma ville. Ce fut en outre le dernier spectacle auquel ma mère ait assisté avant son décès, cela participe aussi à mon lien particulier avec Michonnet.
Que pouvez-vous nous dire de la production d’Ivan Stefanutti ?
Que pouvez-vous nous dire de la production d’Ivan Stefanutti ? C’est un spectacle tout simplement bellissimo ! Très beau, très intense, délicieux. Le troisième acte est incroyable, quand Michonnet intervient silencieusement, mais de manière décidée, à la fin du monologue de Phèdre interprété par Adrienne. Le travail d’Ivan dans cette scène est particulièrement magistral, et il réalise dans tout l’ouvrage un travail intime et précis avec chaque personnage.
On voit parfois ce rôle comme un rôle de caractère, moins chanté que joué… On connaît votre technique vocale dans les grands rôles du répertoire belcantiste et verdien, qu’en pensez-vous ?
La difficulté vocale est plus contenue que pour les autres personnages, c’est certain. Dans le premier monologue cependant, après un récit presque parlé, l’artiste doit non seulement chanter, mais finir avec un aigu tenu qui va vers un son piano et une messa di voce. C’est un travail qui demande une vraie maîtrise technique. Même au-delà de cette scène, tout le rôle se doit d’être chanté, au sens fort. Mais vous savez, lorsque le rôle entre dans mes veines, quand je ne suis plus Nicola Alaimo mais Michonnet, alors tout devient plus facile, plus fluide. Finalement, il ne devient plus qu’un plaisir. La technique pure passe en un sens derrière l’exaltation de l’interprétation.

Qu’est-ce qui vous emporte de la sorte dans ce rôle ?
Pour le comprendre, songez que nous avons peut-être tous vécu quelque chose de similaire, un amour non réciproque. En tout cas je l’ai vécu il y a longtemps : j’étais amoureux, mais le sentiment n’était pas partagé. On retrouve à l’opéra les petites et les grandes douleurs de la vie. Je l’ai vécu dans ma jeunesse, Michonnet lui est un homme d’un certain âge, sans doute de 30 ans l’aîné d’Adrienne, et cela le contraint dans la déclaration qu’il voudrait lui faire. C’est un amour impossible et, arrivé à un certain point, il l’appelle « ma fille » alors qu’il voudrait l’appeler « mon amour ». Fondamentalement, c’est sans doute la vraie nature de leur relation, Adrienne ressent le rôle protecteur et paternel qu’il occupe auprès d’elle.
Comment êtes-vous touché par Adriana Lecouvreur au-delà du rôle de Michonnet ?
Au sens fort du mot, j’adore Adriana Lecouvreur, de la première à la dernière note. C’est un des plus beaux finale qui aient été composés, avec une teinte de mort, c’est vrai, mais dotée de quelque chose d’angélique et d’artistique, de poétique. Cilea mérite d’être plus connu qu’il ne l’est, il a composé des œuvres extraordinaires. Il est vrai également qu’Adriana l’emporte sur les autres. Cet ouvrage met les interprètes à dure épreuve. Soprano et ténor, certes, mais aussi mezzo-soprano, dont l’air est un chef-d’œuvre. Et cet opéra n’est pas seulement du chant, c’est aussi une grande déclamation : c’est donc un immense moment de théâtre.
Crédits photos :
- © Marco Borelli
- Nicola Alaimo dans le rôle de Michonnet, Théâtre du Capitole 2025 © Mirco Magliocca
Propos recueillis par Jules Bigey
Rendez-vous au spectacle !
Du 20 au 29 juin 2025
Théâtre du capitole
Adrienne Lecouvreur
Francesco Cilea (1866-1950)
Dans le Paris du XVIIIe siècle, une célèbre tragédienne s’éprend d’un bel officier, mais elle aura tout à craindre d’une terrible rivale. Pour ce chef-d’œuvre du vérisme italien, une somptueuse mise en scène d’Ivan Stefanutti sous la direction experte de Giampaolo Bisanti, et une distribution cinq étoiles !
