Compagnon de route du Capitole, Hervé Niquet nous a déjà offert de merveilleux moments de musique. Après Platée (saison 21/22) et un éclatant concert Haendel cette saison avec son prestigieux ensemble baroque, Le Concert Spirituel ; après Les Noces de Figaro en janvier dernier à la tête de nos forces artistiques, ce saltimbanque de génie a décidé de célébrer les fêtes de fin d’année à Toulouse !

Vous avez conçu un programme de Noël spécialement pour le Choeur du Capitole. Comment le projet est-il né ?

Au moment de Platée avec Le Concert Spirituel, beaucoup d’artistes du Choeur du Capitole ont vu le spectacle et ont compris qu’on pouvait bien rigoler avec moi ! Christophe Ghristi m’a alors proposé d’imaginer un programme de Noël avec eux. Pendant Les Noces de Figaro, j’ai pu caler une répétition pour sentir quelle direction nous pouvions prendre ensemble, et le travail s’est formidablement passé.

« Mon Noël à moi » est un programme très personnel, inspiré par vos souvenirs d’enfance…

J’ai grandi au fin fond de la Somme. Les occasions d’assister à des concerts étaient très rares. Alors forcément, la Messe de Minuit était une chance extraordinaire : la chorale, l’orgue, le rituel, l’audience ! Avant la messe, avec mes camarades de la chorale, nous nous rassemblions autour du piano chez ma merveilleuse grand-mère, ancienne chanteuse de rue, pour lui offrir des chants de Noël (elle refusait de mettre les pieds à l’église, car elle détestait les curés !) Puis nous allions chanter nos cantiques. À l’issue de la messe, nous retournions chez Mémé pour regarder à la télé les grands shows de variété de Maritie et Gilbert Carpentier. Bref, ces nuits de Noël étaient un feu d’artifice de musiques diverses, de partage et d’émotion ! J’ai voulu raviver cette expérience fondatrice de mon enfance.

Pour le répertoire des cantiques, vous avez tout de même mis à profit votre savoir musicologique et historique…

On ne pouvait évidemment pas reprendre le répertoire que nous chantions à la messe… Le concile Vatican II était passé par là : des musiques horribles, un peu comme la chanson « Jésus, reviens » dans Un long fleuve tranquille… (rires) Alors j’en ai profité pour exhumer un répertoire classique de Noël très populaire au XIXe siècle, mais qu’on a oublié. Les curés étaient malins : les églises parisiennes profitaient de la relâche de l’Opéra pendant les fêtes pour engager les plus grands compositeurs, orchestres, choeurs et solistes de la capitale. À la Madeleine notamment, on passait pour l’occasion commande à Saint-Saëns, Franck, Delibes, Gounod ! Tout Garnier à l’église, gratuit ! C’est un répertoire immense dans lequel j’ai puisé avec bonheur. Et pour la variété, j’ai fait des arrangements, mais je ne veux pas tout dévoiler !